Le capitalisme n'est pas naturel !

Ce n'est pas une fatalité ! Il n'est pas inscrit dans le génome de l'humanité !

L'être humain, en effet, ne recherche pas naturellement la maximisation de ses gains pécuniaires :
« Tous les types de sociétés sont soumis à des facteurs économiques. Seule la civilisation du XIXe siècle fut économique dans un sens différent et distinct, car elle choisit de se fonder sur un mobile, celui du gain, dont la validité n'est que rarement reconnue dans l'histoire des sociétés humaines, et que l'on n'avait certainement jamais auparavant élevé au rang de justification de l'action et du comportement dans la vie quotidienne. »

Ce qui fait le caractère spécifiquement monstrueux, contre-nature, de la société capitaliste, c'est qu'elle dispose les hommes à recentrer et à hiérarchiser leurs activités à partir de l'intérêt supérieur individuel de l'accumulation matérielle, au détriment d'autres valeurs comme l'honneur, la décence, le bien commun, le partage, le don, le courage, le savoir, etc. autour desquelles les sociétés humaines se fondent et s'organisent habituellement :

« La découverte la plus marquante de la recherche historique et anthropologique récente est que les relations sociales de l'homme englobent, en règle général, son économie. L'homme agit, de manière, non pas à protéger son intérêt individuel à posséder des biens matériels, mais de manière à garantir sa position sociale, ses droits sociaux, ses avantages sociaux. Il n'accorde de valeur aux biens matériels que pour autant qu'ils servent cette fin. »  

Alors que toutes les sociétés humaines se sont historiquement organisées pour autoriser la poursuite égoïste des gains matériels dans les limites du respect d'autre mobiles jugés supérieurs (la solidarité, etc.).

Seule la société capitaliste autorise la poursuite du bien commun, du partage, du savoir, de la solidarité, etc. dans la mesure où cela favorise ou du moins n'entrave pas la production de profits.
Ainsi la solidarité, l'entraide, l'empathie pour autrui, l'amitié, etc. sont des dispositions indéniablement positives et naturelles, mais parce qu'elles conduisent généralement les salariés, les collègues à prendre soin les uns des autres, à se défendre collectivement, à se syndiquer, etc., ces vertus ne sont pas dans l'intérêt de l'entreprise capitaliste, qui fait davantage de profits si les salariés sont isolés, dociles et faibles. Ce qui explique que la précarisation et diverses techniques d'organisation du travail isolant les travailleurs soient considérées comme une bonne chose et consciemment mises en place :

« La précarisation des statuts et la crainte du chômage qui l'accompagne auraient pour effet d'affaiblir la combativité des travailleurs et leurs propension à se syndiquer.

La désintégration de la communauté de travail par l'emploi sur un même site de personnes relevant d'entreprises et de statuts différents contribue elle aussi à désarmer et à désorienter l'action collective. »

Commentaires

1. Le 08/01/2012, 16h28 par Marie-Anne

Le capitalisme, né il y a seulement cinq siècles, n'est pas le seul système qui ait marché dans l'histoire, et il est de surcroît douteux qu'il soit le seul système qui puisse marcher aujourd'hui, puisqu'il existe de fait des lois et des expériences alternatives qui ont déjà fait la démonstration de leur valeur, de leur pertinence et de leur crédibilité.

Ainsi nombre de grandes réformes considérées aujourd'hui comme des progrès sociaux majeurs ont été arrachées à l'opposition capitaliste par la lutte sociale ou mises en oeuvre par des politiques de gauche : la syndicalisation des travailleurs (1884), loi sur l'assistance médicale (1893), les lois sur les accidents du travail (1899), la semaine de 40h et les congés payés (1936), la création de la Sécurité Sociale (Ordonnance de 1945), la généralisation de l'assurance vieillesse dans le cadre du régime général (1946), l'instauration du SMIG (1950) puis du SMIC (1970), la loi sur la troisième semaine de congés payés (1956), la retraite à 60 ans (1982), la semaine de travail de 39 heures et la 5e semaine de congés payés généralisée (1982), etc.

De nombreuses expériences , d'autre part, montrent qu'il est possible d'organiser autrement la vie économique, soit en partie, soit complètement, bien qu'elles ne soient pas généralisées faute d'accès à la représentation politique dans l'Etat : les AMAP , les SCOP , la coopérative de Mondragon au Pays basque, etc. et d'une façon plus générale le micro-financement solidaire, l'autogestion , l'économie sociale et solidaire, le socialisme associatif , la démocratie d'entreprise , la planification incitative et programmatique, etc.

Toutes ces expériences et principes ne sont pas dénués de défauts, mais nous possédons des exemples qui prouvent qu'ils marchent et qu'ils intègrent dans leur fonctionnement le respect et la poursuite de l'intérêt général, ce qui en fait précisément des alternatives supérieures au capitalisme.
2. Le 09/01/2012, 06h45 par Marc

Faut quand même une volonté politique de soutenir les initiatives locales... Ca aide !

Je ne vois pas affichée vraiment cette volonté dans les programmes des futur(e)s candidat(e)s aux Présidentielles par exemple.

3. Le 16/01/2012, 21h53 par Chantal

La Coopération !

La société coopérative.

Seules réponses ?

4. Le 31/01/2012, 08h21 par Paul

Tout à fait d'accord avec Chantal.

Mais au fait, dans l'histoire du mouvement ouvrier c'est un courant qui a existé puis disparu de la faute à qui ?

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