"Réformer le Collège" (11) Culture commune ou Culture pour chacun(e) ?

Malgré des réformes de structure qu'il semble à présent difficilement envisageable de "détricoter", ne serait-ce que du fait des pressions internationales pour un niveau de performances relativement homogène à 15 ans, le collège est loin d'égaliser les chances des élèves !

Mais, les structures ne font pas tout !

Il faut également mettre en question les programmes et les méthodes pédagogiques qui ont cours au collège !

Alors que les questions d'inégalités sociales ou d'échec scolaire au collège sont débattues très souvent, les débats sur ce qu'il conviendrait d'y enseigner, ou de quelle manière, restent bien plus discrets !

Il ne faut pas nier que sur ces questions on est face à des choix fondamentaux et qu'un certain nombre de tensions apparaissent aussitôt au grand jour !

ET POURQUOI PAS ?

Dès lors que le collège participe aujourd'hui de la formation de tous, ce qui va être mis au programme doit s'inscrire dans le projet éducatif que notre pays doit formuler pour l'école obligatoire !

Nous avons à y préparer les jeunes générations à la vie qui les attend, leur permettre de s'insérer dans la société, d'évoluer toute leur vie durant dans un environnement dont c'est peu dire qu'il est incertain.
IL EST DU DEVOIR DE CHACUN DE LUTTER CONTRE LES IMMOBILISMES CONSERVATEURS !__

Si l'école élémentaire est chargée de les doter des bases pour la suite, il est plus difficile de préciser les contours de cette suite, qui plus est pour tous les jeunes, au-dela du fait que, nous le savons bien, leurs destinées sociales seront fort différentes.

En fait, il ne fait aucun doute que c'est au politique de définir les qualités et les savoirs à enseigner. En enter, en la matière on ne saurait laisser les spécialistes des disciplines seuls maîtres du jeu, d'une part parce que leur compétence disciplinaire ne les qualifie pas pour défier un projet éducatif plus global et, d'autre part parce qu'ils ne peuvent que défendre leur propre discipline par des exigences le plus élevées possibles. Quoi de plus gratifiant que de former des futurs prix Nobel dont toute la société a besoin. Mais, il ne faut pas se voiler la face sur le fait que les plus faibles auraient gagné à acquérir les connaissances plus élémentaires.

L'Etat a donc inscrit dans la loi (en 2005) la socle qui définit les finalités de la scolarité obligatoire afin que l'élève puisse "poursuivre sa formation, construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société." Il a été redéfini par la Loi de juillet 2013 comme "socle commun de connaissances, de compétences et de culture".

Le socle augure une véritable révolution copernicienne, puisqu'il prône de s'intéresser moins aux programmes qu'aux acquisitions, moins aux disciplines et à leurs spécialistes qu'aux élèves tels qu'ils sont et à ce dont ils ont besoin. La réalisation des objectifs du socle permettrait à nombre d'élèves d'être mieux formés, alors qu'aujourd'hui un fort pourcentage d'élèves ne maîtrisent pas les compétences inscrites au programme. En Français, en fin de 3ème, c'est le cas de près d'un quart d'entre eux. A ces élèves, la maîtrise du socle ferait faire d'énormes progrès.

En réalité, la notion de socle et à fortiori les modalités de sa mise en œuvre se heurtent à de nombreuses résistances, révélatrices des tensions qui n'en finissent pas d'exister !

Une première source de tension concerne la pertinence de l'actuelle dissociation entre école élémentaire et premier cycle du secondaire.

La logique du socle devrait amener à promouvoir un rapprochement des contenus du collège sur la logique de l'école élémentaire puisqu'il s'agit de la formation de base de tous avec par conséquent une école unique de 6 à 16 ans ! Mais toute action caractérisée de "primarisation" fait figure de repoussoir. En fait les parents des futurs élites considèrent encore et toujours le collège comme l'antichambre du lycée qui lui-même est considéré comme celle de la faculté.. De plus, les représentants des disciplines ne tremblent-ils pas au risque de voir se fondre les corps enseignants existants !

Au risque de déplaire ne faut-il pas aussi souligner que les enseignants doutent souvent que les élèves tels qu'ils sont puissent tous et toutes tirer parti d'enseignements communs !

Pourtant, certains pays ne parviennent-ils pas, avec des moyens comparables, à égaliser fortement les acquis ?

Ayons aussi l'honnêteté de se poser la question de savoir s'il est souhaitable et réaliste de proposer une formation identique à tous les élèves ?

Le risque existe que l'application mécanique d'une formation uniforme, pensée comme nécessaire et suffisante pour garantir l'égalité, ne débouche sur l'échec de certains tout en freinant l'envie d'autres élèves d'aller plus loin.
A mon avis, si l'un des objectifs éducatif est de favoriser l'autonomie des élèves, il faut laisser une place à des choix d'options, même si le risque existe d'enfermer des jeunes dans leurs goûts du moment ou d'entériner des stratégies de positionnement anticipant des orientations.

On a effectivement supprimé au collège des enseignements optionnels parce des filières ségrégatives tendaient à se mettre en place. OUI, mais il faut néanmoins que la formation commune prévoie pour tous les élèves une réelle initiation à la vie professionnelle par des formules offrant des occasions de développer des qualités, des compétences peu mobilisées dans le contexte scolaire ordinaire.

Commentaires

1. Le 20/03/2017, 16h26 par Nordine

Tout le monde aspire à plus d'égalité à l'école !
Cependant, la formation scolaire débouche sur des emplois inégaux et cela engendre des tensions entre des groupes sociaux.
Les mieux dotés pour défendre les intérêts de leurs enfants en vient à craindre que l'ouverture à tous ne durcisse la concurrence pour accéder aux emplois les plus attractifs.
Se mettent alors en place dans les esprits tous les penchants conservateurs bien connus dont il est à se damner s'ils ne sont pas inhérents à la nature humaine !
Voilà c'est dit !
Les uns vont donc défendre les classes de niveau et les filières d'excellence et le développement de l'enseignement supérieur pendant que les seconds bénéficieraient f(un renforcement des enseignements primaires et d'un collège cultivant la mixité sociale et scolaire et le succès de tous. OUF !
Hypocrisie !
Pour éviter aux politiques de trancher bêtement et hypocritement au nom de l'intérêt général ne vaudrait-il pas mieux s'attaquer tout bêtement à la hiérarchisation des tâches. Ne sont-elle spas toutes indispensables ?

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