Choix du Collège (2)

Les Collèges proposés aux parents : quelles caractéristiques ?

Les collèges proposés aux parents sont caractérisés par une forte ségrégation ethnique, sociale et académique (selon le niveau scolaire des élèves).

C'est un fait souligné par une recherche menée notamment sur les collèges bordelais et ceux de la banlieue parisienne . Cf : Revue française de pédagogie, "Les descendants d'immigrés à l'école. Destin scolaire et origines des inégalités", 2015, vol 2 n° 191.

D'autre part, les comparaisons internationales établies par France stratégie en 2015 montrent qu'en France, 70% des enfants d'origine étrangère sont scolarisés dans 1/4 des établissements. Ainsi mesurée, cette ségrégation est à peine supérieure à la moyenne de l'OCDE mais cet indicateur est impropre à rendre compte de la situation notamment par le fait qu'est passé sous silence la forte proportion des enfants d'origine étrangères dans certains collèges.

Quant à la ségrégation sociale !

82% des collégiens défavorisés socialement sont scolarisés dans 10% des collèges (Assemblée Nationale 2015) qui sont souvent des collèges de l'éducation prioritaire. En 2013, les collèges publics scolarisent 41% d'enfants d'origine populaire et seulement 19% d'origine favorisée alors que, dans les collèges privés plus de 35% sont d'origine favorisée, soit 3,5 fois plus que dans les collèges classés ECLAIR ( Ecoles, Collèges, et Lycées pour l'Ambition, l'Innovation et la Réussite, établissements de l'Education Prioritaire au recrutement social particulièrement défavorisé) . Moins de 20% des élèves de établissement privé sont d'origine populaire.

Il nous faut aussi souligner que les approches en termes de moyenne cachent les disparités considérables qui existent entre les collèges ZEP les plus ségrégués caractérisés par une ghettoïsation par le bas et les collèges privés marqués par une ghettoïsation par le haut. Ainsi, à Nantes, le collège Le Breil scolarise plus de 80% d'enfants d'origine populaire et seulement 1% d'enfants d'origine favorisée alors que le collège privé Saint Joseph ne scolarise que 3% d'enfants d'origine populaire et près de 70% d'enfants d'origine favorisée.

En fait, cette situation n'a rien d'exceptionnel. Dans les capitales régionales coexistent des collèges très populaires et des collèges à recrutement social très aisé. A titre anecdotique ! A Lille, dans les années 1990 à 200 (je ne sais pas où cela en est maintenant) 50% de la population scolaire collège était scolarisée dans le privé ! (sic) Bel vile cependant, chaleureuse et dynamique !

!!Quant à la ségrégation académique !
Elle est nettement corrélée à la ségrégation sociale.
La proportion d'élèves de niveaux moyens et bons est de 34% dans les collèges de l'éducation prioritaire, de 53% dans les collèges publics hors éducation prioritaire et de 66% dans les collèges privés.
33% des élèves scolarisés dans l'éducation prioritaire sont d'un niveau scolaire faible, 18% dans les établissements publics hors éducation prioritaire et seulement 9% dans les établissements privés.

A l'aune de cette considérable diversité ethnique, sociale et académique, la référence à un collège unique n'a guère de sens !

Sur les dix dernières années, cette forte diversité a de surcroît augmenté. Voir " La vie des idées" en ligne "L'écale française démocratique ou élitiste" Pierre Merle 8 septembre 2015.

Cette triple ségrégation des collèges est problématique : les collèges qui scolarisent une forte proportion d'enfants d'origine immigrée d'origine populaire et d'un bas niveau solaire sont délaissés par les parents. Certains ferment faute d'effectif suffisant d'élèves.

Dans quelle mesure les politiques d 'affectation des élèves mise en œuvre - carte scolaire ou libre choix des parents - influencent-elles cette ségrégation ?

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