Ni de Gauche ! Ni de Droite !! Ni du Centre !!! (1)

!!!Dépasser les clivages anciens...

Mais, quand même quelques présomptions !!!!

Présomptions d'innocence ? Pas vraiment...

Le Président de la République, dans l'exercice de ses responsabilités ministérielles et immédiatement après n'a jamais été neutre.

Voyons ça de plus près !

"Il faut des jeunes français qui aient envie d'être milliardaires ! "

Ecrit-il dans " Les échos " du 6 janvier 2015"

Emmanuel Macron rêve donc d'une jeunesse qui ait envie de "réussir à tout prix", "d'aller le plus loin possible".
Il semble que pour lui la mesure de cet aboutissement soit la fortune accumulée.

Devenir milliardaire et vivre comme tel dans ses habits et son mode de vie serait le signe d'une vie réussie !

De là à penser que pour lui la morosité de l'économie française s'expliquerait en grande partie par un manque d'esprit d'entreprise et de volonté de réussir, il n'y a qu'un pas que je m'autorise à franchir.

Mais Monsieur le Président, les pesanteurs du social vous les oubliez sciemment ?

Tout ne serait qu'affaire de volonté !?

Je ne puis m'empêcher de souligner ce que cette approche a de choquant voire même d'absurde tant socialement qu'économiquement sauf votre respect !

Certes, dans l'économie mainstream(courant dominant de l'économie), vouloir c'est pouvoir.

L'homo œconomicus est un agent sans attaches culturelle et sociale, motivé par des objectifs qu'il se fixe et ayant pour but de les maximiser, c'est à dire de se donner toutes les chances de réussir.

Pour cela, tout au long de sa vie, il réalisera de bons arbitrages :

     - arbitrage temporel entre travail et études pour augmenter la valeur de son capital humain ( et donc son salaire) sur le marché,
- arbitrage entre travail et loisir pour pouvoir consommer etc

Dans cette vison du monde, l'individu est maître de son destin, et il ne tient qu'à lui de réussir.


Voilà une fable très présente dans les esprits et il est vrai que nous avons tendance à attribuer souvent la réussite d'une personne à son seul talent.
Il faut se rendre à l'évidence : la réalité est bien plus complexe !!!

Le déterminisme joue un rôle que l'économie ignore .

Il est caractérisé par la société, l'époque, les institutions,l'environnement social et la géographie dans lesquelles évolue l'individu.

Eh ! Oui!! Monsieur le Président, on ne peut parler de " la jeunesse " mais " des jeunesses" tant cette catégorie d'âge recouvre des réalités contrastées !!!

Permettez moi, humblement, d'attirer votre attention sur une enquête intitulée "Génération quoi ?" conduite en 2014 par les sociologues Camille Peugny et Cécile Van de Velde : elle est plus que riche d'enseignement et pourrait vous inciter à moduler votre approche.
Sur 210 000 jeunes de 18 à 25 ans interrogés en ligne :

    - 2/3 d'entre eux se déclarent optimistes tout en portant un regard sombre sur le destin de leur génération  que certains qualifient même de génération perdue
- 25% seulement ont la conviction que leur vie sera meilleure que celle de leurs parents
- plus des 3/4 ont le sentiment que la société française ne leur donne pas les moyens de montrer ce dont ils sont capables
- 61 % estiment que le système éducatif français ne récompense pas le mérite et que l'ascenseur social ne joue que peu voire pas du tout.

Cette situation les incite à penser qu'ils n peuvent compter que sur eux-mêmes. Quelle tristesse ! N'est-ce pas Monsieur le Président !!
Ils sont libéraux " par dépit " comme l'indique Cécile Van de Velde, car, paradoxalement, plus de 77% d'entre eux pensent qu'on ne peut pas s'en sortir dans la vie sans solidarité collective.

Beaucoup d'enseignements pourraient être tirés de ce travail, ne pensez-vous pas Monsieur le Président ?

Permettez moi d'attirer votre attention sur au moins deux d'entre eux : le système peinant à récompenser le mérite et ce sentiment d'une mobilité sociale plus que grippée.

Commentaires

1. Le 18/05/2017, 11h50 par Robert

Le système éducatif, loin de lutter contre les inégalités, ne fait que les reproduire.
Ceux qui quittent l'école le plus tôt, vers l'âge de 17 ans, appartiennent aux couches défavorisées.
A l'inverse, ceux qui en sortent le plus tard, vers 26 ans font partie, très majoritairement, à quelques exceptions près, des plus favorisés.Les chiffres montrent, en effet, que la réussite scolaire et universitaire dépend bien davantage du milieu dans lequel on évolue que des capacités individuelles.
Qui peut dire, dans une société qui valorise les diplômes, que quitter l'école à 17 ans relève d'un choix personnel du jeune ?
De plus, de manière générale comme le souligne les travaux duCEREQ les diplômés de Bac +5 sont de plus en plus nombreux à n pas pouvoir obtenir un emploi correspondant à leur niveau de diplôme

2. Le 18/05/2017, 12h04 par Julie

La mobilité sociale se grippe en France comme ailleurs !
En 2014, les travaux de Gregory Clark montrent, pour un large panel de pays, que 75% du statut socio-économique d'un individu est expliqué par l'origine sociale.
Pourquoi l'ignorer à moins d'être aveugle et n pas pouvoir le voir, à moins de l'ignorer ...Faute politique grave.
Pierre Bourdieu démontrait déjà dans les années 70-80 que les enfants des classes supérieurs ont " un rapport assuré et rassuré au monde".
Ce déterminisme vient tout simplement du fait qu'ils disposent d'un ensemble de capitaux culturels, économiques et sociaux à même de faire la différence dans la réussite scolaire et professionnelle.
La réalité c'est que le volontarisme ne pèse pas grand chose face à la reproduction sociale et que le discours du mérite est instrumentalisé par des groupes sociaux supérieurs qui von même jusqu'à suggérer que l'absence de réussite s'explique par la paresse ou le manque d'efforts.
OUI, MONSIEUR LE PRESIDENT, CROIRE QU'IL SUFFIT DE VOULOIR POUR POUVOIR RELEVE - EXCUSEZ MOI D'ETRE AUSSI FRANCHE ET DIRECTE - D'UNE MYSTIFICATION VOIRE D'UNE SUBTILE MANŒUVRE DE DOMINATION. Ouf c'est dit et ça fait du bien .

Merci à vous l'auteur du billet.

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