Ni de Gauche ! Ni de Droite !! Ni du Centre !!! (7)

Encore une ancienne déclaration de notre Président de la République actes alors qu'il était ministre de l'"économie, sur BFM Business le 3 mars 2015 et qui prête à réflexion : "Un des traumatisme français, c'est cette volonté d'égalité qui s'est transformée en égalitarisme jaloux"

Certes, il est légitime qu'un ministre s'inquiète d'une volonté d'égalité qui selon lui tirerait vers le bas le niveau des compétences et pénaliserait le plus talentueux.

Mais, Monsieur le Président, peut-on s'autoriser à résumer comme suit votre vison ?

Si tout l émonde a les mêmes chances de départ, alors les inégalités se justifient par la quantité de travail fournie les uns par rapport aux autres.
Si certain(e)s n'ont pas fait d'études alors même que les universités sont presque gratuites, ou s'ils (elles) n'ont pas réussi à profiter des possibilités du marché pour créer leur entreprise, ils (elles) ne peuvent s'en prendre qu'"à eux-mêmes puisqu'ils (elles) disposaient des mêmes chances au départ.

Ai-je bien compris votre pensée ou suis un affreux gauchiste attardé ?

Dans un tel contexte, vouloir plus d'égalité reviendrait à se montre jaloux de la réussite des autres.

"Ca c'est pas beau" disait ma charmante et tendre grand-mère bac moins douze .
Ne serait-ce pas, de plus, une caractéristique des français que d'être jaloux alors que dans d'autres pays la richesse peut s'afficher de manière ostentatoire (sic).

Alors, il y a égalité de départ et inégalité d'arrivée. C'est un fait !

L'égalité des chances est effectivement un concept complexe. C'est une égalité initiale garantie par la société, par la loi.

Le but est d'offrir les mêmes opportunités à chaque individu, sans distinction de d'origine, de race, de religion, de sexe...puis de laisser le marché opérer les répartitions en fonction de ce que chaque individu rapporte.
L'égalité des chances est donc principalement une égalité de départ et l'inégalité d'arrivée (différence de niveau d'études, de salaire...) étant due aux mérites de l'individu.
Suivant ce concept, il appartient donc à chacun(e) d'utiliser au mieux son "capital humain" de départ pour faire en sorte d'être productif donc mieux rémunéré.
Le choix des études ou des formations résulterait donc principalement d'un arbitrage "coût-avantage" et la rémunération -conformément à la théorie néo-classique- dépendrait de la contribution à la production.

Cependant, Monsieur le Président, il faut se rendre à l'évidence !

L'égalité des chances, bien que nécessaire, n'est pas suffisante pour assurer une société équitable .

Il ne suffit pas de déclarer une université ouverte à toutes et tous - la possibilité pour toutes et tous d'être médecin ou avocat ou etc - si, dans les faits, ceux qui réussissent sont celles et ceux qui ont les moyens de subvenir aux besoins directs et connexes générés par ce type d'études.
De même, il ne suffit pas de prôner l'égalité entre hommes et femmes si, concrètement, à qualification égale, les femmes continuent à gagner moins que leurs homologues masculins.

Rendons-nous l'évidence, Monsieur le Président : la philosophie méritocratie fait très largement fi des inégalités primaires et on ne peut pas ignorer que le choix des filières d'études ne dépend pas uniquement du choix des individus mais aussi et surtout de l'environnement social.

De plus, des individus ayant les mêmes diplômes et donc en théorie les mêmes occasions d'emploi ont souvent des carrières bien différents ne possédant pas le même carnet d'adresses du fait de leurs origines sociales.
Ajoutons qu'il faut prendre aussi en compte la conjoncture au moment de la recherche de l'emploi : n'est-il pas plus difficile de décrocher un emploi depuis la crise de 2008 qu'avant ?

Les opportunités ne dépendent donc pas que des qualités des individus : elles font intervenir d'autres facteurs qui sont à chercher dans les familles d'origine, l'état de la société et les politiques économiques menées.

Réduire la question de l'équité à une affaire individuelle, c'est admettre que les gains de la réussite et les poids de l'échec sont dus uniquement à la personne.

De là à considérer les chômeurs comme responsables de leur état, il n'y a qu'un pas Monsieur le Président dont j'espère que vous contribuerez efficacement à ce qu'il ne soit pas franchi .

C'est tout simplement une question d'HUMANISME.

Commentaires

1. Le 27/05/2017, 10h19 par Caroline

Notre époque connaît un singulier paradoxe.
En effet, dans l'histoire de France, notre société est la plus égalitaire en termes de droits sociaux et culturels, et, dans le même temps les inégalités de revenus et de patrimoine ne cessent de progresser.
Quid de la cohésion sociale : érosion, érosion, depuis bien une trentaine d'années.

2. Le 27/05/2017, 10h22 par Jean-Pierre LEROY

Merci Caroline.
Vous ouvrez là une perpective.
Il s'agit effectivement d'un étrange paradoxe.
Ca pourrait être le sujet d'un prochain billet.

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