Au sujet de l'Ecole (4)

La révolution culturelle qui instaura la supériorité du travail intellectuel sur le travail manuel , de la connaissance abstraite, théorique sur la connaissance concrète, du savoir-dire sur le savoir-faire, eut des conséquences particulièrement importantes pour les femmes.

Dans l'immense corporation paysanne, l'homme s'occupait d l'agriculture et du gros élevage. La femme s'occupait des enfants, des travaux ménagers, notamment de la cuisine, du ménage et également de la basse-cour.

Chacun avait son petit monde qu'il; organisait à sa façon.

La paysanne ou la bourgeoise qui s'occupait de son ménage avait autant de savoir-faire que les femmes qui l'aidaient, et l'estime était réciproque. Dès l'instant où la maîtresse de maison se mit à dédaigner ces travaux ménager, elle créait une hiérarchie dans laquelle les travaux ménagers étaient considérés comme inférieurs. C'est dans les Femmes savantes que Molière analyse ce changement, cet abandon des valeurs anciennes pour de nouvelles valeurs.. Ce changement excita son esprit et il se moqua des ces femmes "'savantes''' qui abandonnaient leurs tâches ménagères pour briller dans les salons.
La révolution culturelle était en marche et on ne critiqua plus les femmes savantes et on voulut libérer toutes les femmes des travaux ménagers si dégradants. La culture abstraite devint le bien suprême qui seul donne le prestige.
Comme les nourritures intellectuelles sont insuffisantes pour nous faire vivre (on se nourrit de bonne soupe et non de beau langage), il fallut bien qu'une partie honteuse d l'humanité, les nouveaux esclaves, se salissent les mains pour fabriquer et conditionner les biens de consommation.

La révolution culturelle prônée par les intellectuels changea de forme à la fin du XIXème siècle.

Jusque-là cohabitaient dans la société masculine des manuels formés par l'apprentissage du métiers, des intellectuels formés par des professeurs pour exercer certaines professions, et enfin les filles formées et instruites par leur mère pour le savoir-faire manger et le savoir-vivre pour bien tenir leur rôle dans la société.

Ce changement, ce fut l'instauration de l'école laïque et obligatoire pour garçons et filles afin de donner à tous et toutes une culture générale faite d'un ensemble de connaissances abstraites concernant diverses matières.

Chaque professeur se considérant comme la forme accomplie de l'Homo sapiens ils formèrent leurs élèves à leur image.
Dès le début l'enseignement fut inconsciemment organisé dans le but de former les élèves à devenir professeurs.
Les meilleur(e)s le purent sans difficulté. Déjà !
Les autres élèves, issus de milieux manuels ou pourvus d'une imagination créatrice, du goût de l'action et de l'aventure, se trouvaient mal à l'aise à l'école. Déjà !
C'était pour eux une obligation et non un plaisir comme cela l'était pour les bons élèves.
Pour certain(e)s enfants c'était un calvaire alors que pour les professeurs cette attirance vers le travail manuel pour ces élèves là était une infamie.
Il faut bien se mettre à l'esprit que pendant des siècles, dans les familles de paysans et d'artisans, dès que l'enfant avait la force de faire des petits travaux (5-6ans) il était utilisé par la famille et ce jusqu'au milieu des années 50.
Les mentalités ont bien changé.
Imaginez le tollé si un régime autoritaire déclarait qu'à partir de 12 ans tous les enfants devront travailler dans une usine ou chez un artisan même si les travaux étaient soigneusement choisis pour éviter toute fatigue à l'enfant qui recevrait un petit salaire.
Par contre si la même tyrannie obligeait les enfants à aller à l'école de 2ans à 18 ans , le tyran deviendrait un bienfaiteur, comme Jules Ferry.

Commentaires

1. Le 08/09/2017, 17h40 par Etienne

Au fait, que des enfants se soient suicidés parce que face à des travaux manuels trop pénibles...ça a été le cas avant 1882.
Par contre, aujourd'hui, il est des dizaines d'enfants qui se suicident ne pouvant plus supporter les mauvaises notes qu'ils obtiennent à l'école.
SILENCE RADIO ou est ce vraiment parce qu'il n'y a plus de cas de ce genre.

2. Le 12/09/2017, 15h20 par Max

La tyrannie est la tyrannie...
Obliger une être humain - fut-il un enfant - à faire une chose qu'il n'a pas envie de faire même si l'intention est bonne : c'est inadmissible.
Il faudrait donc s'attaquer aux causes, aux racines du désintérêt et introduire dans les obligations professionnelles des obligations assorties de formations spécifiques : celle de remédier à ces désintérêts.
Il semble qu'on en soit loin ! Alors qu'on n'est plus au moyen-âge ! Tonnerre de Jupiter !!!!!!!!!!!

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