LIBERTE ! EGALITE ! LAICITE ! (5)

La question du blasphème .

Le terme "blasphème" comme "laïc" est directement tiré du vocabulaire religieux.

En effet, il consiste à "proférer contre Dieu, intérieurement ou extérieurement, des paroles de haine, de reproche, de défi, à dire du mal de Dieu, à manquer de respect envers Lui dans ses propos, à abuser du nom de Dieu pour couvrir des pratiques criminelles, réduire des peuples en servitude, torturer ou mettre à mort. Le blasphème s'oppose directement au 2 ème commandement (...). Son interdiction s'étend aux paroles contre l'Eglise du Christ, contre les saints, les choses sacrées. Le blasphème est en soi un péché grave".
Blasphémer c'est donc dire du mal de Dieu, de nuire à sa réputation.
Mais qu'elle est sa réputation ?
Selon les époques elle a considérablement varié :
Dieu vengeur, au bord de la fureur aux aguets prêt à sanctionner le moindre pas de travers.
Dieu tout de bonté, dégoulinant de miséricorde, saisissant la moindre occasion de pardonner les péchés...DIEU AMOUR !

En fait, c'est un concept interne à une religion : proférer des paroles contre l'Eglise du Chist est blasphématoire.

De ce fait le musulman est nécessairement un blasphémateur pour le chrétien puisqu'il considère que le Coran est, seul, la transcription exacte de la parole de Dieu.
Tout comme le chrétien est un blasphémateur pour le juif puisqu'il a pris pour le messie annoncé par l'Ancien Testament un homme qui selon les juifs n'est qu'un illuminé ou un imposteur mais certainement pas le fils de Dieu.

Tout croyant d'une religion, nécessairement, croit des choses au sujet de Dieu qui nuisent à la réputation de Dieu véhiculée par une autre religion à une époque donnée.
C'est précisément pour cela qu'un Etat laïque ne saurait pénaliser le blasphème : car ce faisant, il prendrait position sur ce qu'est Dieu et ce qu'il n'est pas, donnerait raison à celles et ceux qui lui confèrent tels attributs contre celles et ceux qui lui en enjoignent d'autres.

Qui plus est, dans un Etat démocratique moderne, la liberté d'expression vaut également, comme l'a rappelé la Cour européenne des droits de l'homme dans une formule maintes fois reprise depuis, pour des propos qui "blessent, qui choquent ou qui inquiètent. Heureusement car les idées qui ne blessent, ne choquent, n'inquiètent personne ne valent probablement pas la peine qu'on s'y arrête.

Le propre d'une idée n'est-il pas en effet de s'opposer à une autre, de proposer une conception du monde qui en met en cause une ou plusieurs autres ?

Les idées politiques des uns inquiètent forcément ceux qui estiment ces idées mauvaises, voire dangereuses pour la société et nous ne parlons ici que des idées démocratiques !

D'autre part, les religions ne sont pourtant que des corpus d'idées comme les autres. Elles ont, certes, trait à des questions aussi fondamentales que l'origine du mondait d l'homme, la morale ou le sens d cela vie, mais cela est aussi vrai d'une quantité d'autres idées qui n'ont rien de religieux et que l'on nomme philosophiques

Pourquoi les idées religieuse auraient-elles droit à davantage de protection de la part de l'Etat que les idées politiques ou philosophiques ?

Ne faut-il pas considérer que les idées n'ont pas à être protégées et certainement pas quand elles sont religieuses. Un Etat qui les protégerait contreviendrait par là même au principe de la séparation du politique et du religieux en se faisant en quelque sorte le bouclier d'idées religieuses.
Nien sûr si les idées sont faites pour être débattues, critiquées et malmenées, les personnes en revanche ont droit au respect. Manque de respect envers une idée en la déclarant fausse, critiquable, ridicule, invraisemblable, dangereuse, puérile, dépassée etc n'a rien à voir avec l'insulte, l'incitation à la haine envers une personne du fait de ses idées., de ses convictions.

Le blasphème est donc un péché et doit le rester. Il ne saurait être question d'en faire une infraction pénale sauf à restreindre gravement la liberté d'expression.

Certes à charge pour les croyants de faire l'effort de n pas se sentir agresser lorsque s'énonce en leur présence des propos qui mettent en cause le bien-fondé de leurs convictions religieuses. De même pour les agnostiques et les athées.

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