" ANTISOCIAL " ! Est-ce le trait caractéristique dominant de la politique présidentielle - donc du gouvernement - soit du " MACRONISME " ? (2)

Continuons au sujet de l'Education.

Tandis qu'est diffusée en boucle la mythologie de la décadence de notre jeunesse, de ses enseignant(e)s et de l'Education nationale toute entière l'impact destructeur de certaines politiques éducatives est lui passé sous silence.

Citons les carences réelles des réformes éducatives censées aider les élèves des milieux défavorisés. : les "jeunes des banlieues" ainsi que la jeunesse paupérisée des territoires urbains, périurbains et ruraux.

En théorie, les dispositifs d'éducation prioritaire compensent les difficultés socio-économiques de ces populations en accordant davantage de moyens aux établissements scolaires qui s'y trouvent.
Excusez moi mais on peut en douter et se demander s'il ne s'agit pas de "poudre aux yeux" !
Le dispositif est trop étroit. Ainsi les trois quart des élèves issus de milieux défavorisés ne sont pas scolarisés dans un établissement qui bénéficie de ce dispositif !!
Ne serait ce pas une politique faite d'un affichage . Façon comme une autre de se donner bonne conscience et de laisser croire à l'opinion publique que le problème est traité.
De plus, pour la minorité qui est scolarisée dans ce dispositif le surcroit de moyens censé compenser les inégalités de départ est beaucoup trop infime pour avoir un impact : il y a 22,5 élèves par classe dans ces réseaux d'éducation prioritaire alors qu'il y en a 24 dans les autres établissements ! (1) et (2)

A cela s'ajoute,depuis 10 ans , une politique de saignée de l'Education nationale, caractéristique de l'Antisocial puisqu'il s'agit en fait de détruire un service public !

80 000 postes d'enseignants ont été supprimés de 2007 à 2012.
L'idée du ministère de l'Education Nationale était ainsi de réaliser des économies budgétaires prétextant de plus la baisse des effectifs. En fait, les études sont plus longues et le nombre des élèves des lycées d'enseignement général, techniques et professionnel a augmenté fortement.
Après 2012 l'énorme hémorragie évoquée ci-dessus n'a été que partiellement soignée puisqu'en septembre 20154 ce ne sont que 35 000 postes sur les 80 000 (43,75%) qui avaient été créés.
Le bilan net de suppression de postes a donc provoqué des pénuries d'enseignant(e)s en de nombreux points du territoire. En avril 2016 (année scolaire 2015-2016) sont constatés 20 000 jours de cours perdus faute d'enseignant(e) pour les assurer. De plus dans les collèges et les Lycées les absences courtes de professeurs ne sont pas remplacées dans près de deux cas sur trois. (3)

Il faut aussi souligner que dans le climat actuel de diabolisation de l'Education nationale, l'accusation d'absentéisme excessif faite aux enseignant(e)s surgit quasi automatiquement quand il est question des " classes sans profs". Variante du mythe certes assez anciens : les profs sont des fainéants.

Faux procès car les enseignant(e)s sont moins souvent absent(e)s que les salarié(e)s du secteur privé. En effet, la comparaison est sans appel : les enseignant(e)s s'absentent en moyenne 6,6 jours par an alors que pour les salarié(e)s du privé c'est 18,8 jours soit 2,54 fois plus !

Réaffirmons le haut et clair ! Si l'absentéisme professoral n'est pas anormalement élevé et s'il est même plus bas que dans le salariat privé, la conclusion est claire : c'est le manque de de postes pour couvrir les besoins qui est patent ! (4)

Cette situation a, sur la santé du corps enseignant, des conséquences néfastes pu évoquées.
Si l'absentéisme reste plus bas dans l'Education nationale que dans le secteur privé, la proportion d'enseignant(e)s absent(e)s au moins un jour au cours d'une semaine pour raison de santé a augmenté de 20% de 2013 à 2015. Bien que le taux de démission des stagiaires au coçllge reste très faible, à 3%, il a tout de même triplé entre 2012-2013 et 2015-2016, indice très clair que quelque chose ne va pas !Constat similaire pour les titulaires. Contrairement au tableau ambiant sur "le malaise des enseignant(e)s" ou sur leur désespoir dépressif, le nombre de démissions reste extrêmement bas, avec un peu plus de 1 000 départs en 2015-2016; il a toutefois doublé entre 2009-2010 et 2015-2016, Indice supplémentaire d'une certaine dégradation des conditions de travail !!

Plus grave, 14% des agents de l'Education nationale déclarent être en état d'épuisement professionnel, ce qui signifie q'un agent sur sept est en burn out !!! Et près d'un agent sur quatre déclare être en état de tension au travail.

La pénurie d'enseignant(e)s provoquée par les pouvoirs publics génère donc en quelque sorte une réaction en chaîne de tension, de burn out et de découragement croissants dans le personnel de l'Education nationale .(5)





1- " Education : les politiques territoriales servent-elles à quelque chose ?", Observatoire des inégalités, 11 mai 2017

2- " Les trois quarts des élèves défavorisés étudient hors de l'éducation prioritaire" , Observatoire des inégalités 13 octobre 2017.
3- "Combien de prof's en moins? " ' Europe 1, 27 septembre 2011; " Fonctionnaires - Dégraissage, embauches : les vrais bilans de Sarkozy et de Hollande", LCI, 10 morts 2016; "Education nationale : trop de classes sans profs" , LLe Parisien, ''4 avril 2016
4- " Education nationale : trop de classes sans profs" , Le Parisien , 4 avril 2016 ; "Le taux d'absentéisme reste stable dans le secteur privé en France", La Tribune, 8 septembre 2017.
5- Carrefour santé social 2011 (MGEN, MGEN Santé publique, FSU, UNSA Education, SGEN CFDT), "Enquête carrefour santé social 2011- Santé et travail : étude des risques psychosociaux, de l'épuisement professionnel et des troubles musculeux-squelettiques, 2012.

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