" ANTISOCIAL " ! Est-ce le trait caractéristique dominant de la politique présidentielle - donc du gouvernement - soit du " MACRONISME " ? (3)

Dans le même temps, l'Antisocial s'attaque aussi au service public universitaire.

En donnant aux universités beaucoup moins de financement que ce qu'il leur faut pour faire face à l'afflux d'étudiants, il s'est mis en place une certaine forme de "clochardisation".

De plus, il y a dénaturation, en les amenant à appliquer des méthodes inspirées de l'enseignement supérieur privé alors que la finalité de l'enseignement supérieur public n'est fondamentalement pas la même.

Dans le privé, le but est la profitabilité la plus élevée possible sur le marché éducatif tout en assurant la perpétuation générationnelle d'élites issues d'un "entretien-soi" de classes moyennes supérieures.
Dans le public, la mission est l'égalité de l'émancipation par l'éducation, en hissant au plus haut niveau des diplômes supérieurs la population jeune la plus nombreuse possible.

Il faut bien prendre conscience que la loi LRU (1) marque le début des grandes manœuvres anti-universités.La réforme fait de leurs présidents les équivalents à leur poste d'un chef d'entreprise, ce qui est en soi une dénaturation fondamentale puisque la raison d'être d'une entreprise est le profit financier. Ils reçoivent donc le pouvoir décisionnel sur le budget et un droit de veto sur les recrutements dans l'établissement.

Il faut aussi noter que la promesse d'augmenter le budget des universités d'un milliard d'euros n'a pas été tenue !
Dans le même temps, l'augmentation à l'ancienneté des salaires des enseignants déjà présents et l'afflux d'étudiants pour cause de démographie - phénomènes tous deux parfaitement prévisibles - ont augmenté les moyens nécessaires pour un fonctionnement normal de chaque université !!
Nos universités ont donc basculé les unes après les autres dans une politique budgétaire d'austérité. !!!
Les capacités d'accueil tant en volume qu'en qualité se sont dégradées. A titre d'exemple l'université de Versailles Saint-Quentin en Yveline a vu ses effectifs étudiants augmenter de plus d'un tiers entres 2006 et 2012.
Tentative de parade face à la pénurie...Qu'observe-t-on ?
Une forte tendance des universités à fusionner entre elles ...
En fait, les énormes problèmes de gestion que génère, en cascade, ce type de démarchent font qu'aggraver la situation.
Prenons l'exemple d'Aix-Marseille :
La fusion est lancée en 2012 : elle constitue un exemple quant à cette démarche.
La gigantesque masse de ressources humaines à redéployer conduit à accumuler les changements de postes qui ne correspondent pas toujours aux compétences acquises antérieurement. Le temps de traitement moyen des dossiers devient plus long tandis que les lourdeurs administratives s'empilent pour les enseignants et les étudiants.Environ 70% du personnel au bas de l'échelles - agents de catégorie C -déclarent que leurs conditions de travail se détériorent et que - signe de détérioration des conditions de travail - le travail se fait de p
lus en plus dans l'urgence. (2)
Absurdité sans nom !
Cette vague de fusions d'universités en vient à vampiriser le peu de créatine de postes consenties par les pouvoirs publics. Ainsi, sur la millier de posters créés en 2015 pour l'enseignement supérieur, environ un tiers a été phagocyté par le fonctionnement des mastodontes : soit le contraire exact du but recherché . (3)
L'impact négatif ne s'est pas fait attendre.
Dès 2013, une université sur 4 est en déficit : pour les trois quart d'entre elles c'est l'autorité tout de même.
De fait on assiste à la dégradation de la qualité du service public éducatif :
de plus en plus d'étudiant(e)s dans les classes de travaux dirigés,
des programmes de licence dont les capacités sont plus que saturées,
l'arrêt du dispositif du tutorat,
des "gels" de postes d'enseignants,
des fermetures de formations,
le report ou l'annulation de travaux pourtant nécessaires de réfection des bâtiments etc (4)
Sans oublier qu'en 2017, à la mi-juillet, 87 000 bacheliers étaient toujours sans affectation. (5)
A Lille, la rentrée du département de Sciences politiques a dû être reportée faute de professeurs en nombre suffisant. De même à Rouen, du fait de locaux en trop ma
uvais état pour un déroulement normal des cours. A Besançon, ce sont 600 étudiant(e)s qui ont dû se partager un amphithéâtre d'une capacité de 120 places. A Strasbourg, une université en est venue à improviser des cours dans la rue.
Eh ! Oui !! On croit rêver !!!.
D'un côté, pour cause d'une démographie dont on connait l'augmentation de puis la naissance de celles et ceux qui rentrent à ce moment là à l'université...Il y a 153 000 étudiant(e)s de plus depuis 2010, 40 000 étudiant(e)s nouveaux apparaissent chaque année et ce devrait être 200 000 à l'horizon 2024.
De l'autre côté, les universités comptent 10 000 enseignants en moins par rapport à 2010 et en 2018 nous aurons atteint la septième année consécutive de baisse de notre dépense publique par étudiant(e). (6)
Comprenne qui pourra car on se fout du monde !
A force de sabotage par les pouvoirs publics de ses capacité à assurer sa mission, le système universitaire s'enfonce dans la clochardisation.
De plus et parallèlement, les mêmes pouvoirs publics enchaînent les réformes faisant adopter aux universités des méthodes antisociales copiées sur l'enseignement supérieur privé ! (sic)

Notamment, la sélection à l'entrée sur dossier et par l'argent.

Permise depuis 2016, la sélection à l'entrée en Master est désormais pratiquée dans 85% des cas.
Quant aux féaux d'inscription, ils augmentent...
Il apparaît que Paris-Dauphine contourne la règle des frais bas en développant de s"diplômes d'établissement" (sic), distincts des diplômes d'Etat, qui peuvent coûter jusqu'à 4 000 euros par an !

Cette évolution générale est en contradiction totale avec la finalité de l'enseignement supérieur public :

la sélection à l'entrée abolit l'idée d'un service public destiné à hisser le plus grand nombre au niveau des diplômes supérieurs dès lors que le niveau préalable, le baccalauréat, a été atteint. Quant à la sélection par l'argent, elle contrevient au but premier du service public, celui de compenser les inégalités de départ et non de favoriser ceux que leur milieu d'origine favorise déjà.

Simultanément - les mauvaise langues pourrait dire que ce n'est pas un hasard - l'état de pénurie universitaire provoque, par effet de vases communicants, une explosion à la hausse des inscriptions dans l'enseignement supérieur privé : à tel point que depuis 2010 leurs effectifs augmentent deux fois plus rapidement que ceux des universités alors que les frais d'inscription n'y connaissent aucune limitation.

en cours de rédaction

1- Loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités du 10 août 2007.

2- "Aix-Marseille, laboratoire de la fusion des universités." Le Monde diplomatique , septembre 2016.
3- Avis présenté par M. Jacques Grpsperrin et Mme Dominique Gillot au nom de la commissionne la culture, de l'éducation et de la communication sur le projet de loi de finances pour 2016. Sénat, 19 novembre 2015.
4-" Qu'on fait les universités de leur autonomie?" , La croix du 10 août 2017.
Autonomie : ces universités à la rue à cause de la loi LRU", Libération du 22 décembre 2013
5- "87 000 bacheliers attendent toujours leur affectation à l'université, Libération du 16 juillet 2017
6-Ubu règne sur l'université française" Le Monde diplomatique, septembre 2017.
7-

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