« ANTISOCIAL » Le trait caractéristique de la politique présidentielle, de celle du gouvernement en fait du « MACRONISME » !!! (6)

« ANTISOCIAL »
Anti-chômeurs … (3)

La façon dont les chômeurs sont aujourd’hui traités comme des chômeurs volontaires : ainsi on part du principe qu’il faut les surveiller et les culpabiliser.

Ne laissons pas faire !!!


Souvenons-nous, emprisonnée en guise d’otage en Irak en 2005, en 2009 elle prit un congé sans solde et c’est ainsi que, la journaliste d’investigation, Florence Aubenas, s’inscrivit comme demandeuse d’emploi dans une agence de Pôle emploi de Caen et fit une enquête en immersion et produisit le livre « Le Quai d’Ouistreham ». Elle constata immédiatement la tendance à coller mentalement, sur chaque chômeur des étiquettes dont, ensuite, leur regard ne se départirait plus. Ainsi vit -elle sa « conseillère » classer son faux profil de femme seule quadragénaire, sans formation ni salaire récent, dans « la zone Haut risque statistique ».

Elle s’attendait, comme tout(e) un(e) chacun(e) en pareille circonstance, à ce qu’il y ait plusieurs offres et à avoir quelques temps pour les comparer, les soupeser avant de prendre une décision. En réalité, dès son premier entretien à l’agence, la conseillère Pôle emploi, une fois qu’elle l’eût rangée dans une catégorie condamnée à telle trajectoire, se mit à faire pression sur elle – au bout d’une douzaine de minutes - pour qu’elle accepte de devenir « femme de ménage ». Les éléments de langage employés pour obtenir – sur le champ - son consentement formel sont particulièrement révélateurs. En fait c’est un mélange de rhétorique publicitaire (sic), présentant cela comme l’opportunité d’une vie meilleure ; de manipulation pour faire croire que la personne est aimablement conseillée et non pas mise sous pression (quelle formation professionnelle – re sic) ainsi que de discours délibérément dévalorisants, pour faire peur à la personne, non sans inclure une menace voilée de mort sociale. Cela donnait : « Est-ce-que vous voulez commencer une nouvelle vie ? Agent d’entretien, qu’est-ce que vous en pensez ? Les métiers de la propreté c’est l’avenir, mais il faut décider maintenant. Le marché est en pleine restructuration, il va se refermer d’ici peu. Un cycle de de formation des métiers de la propreté se met en place avec un bac spécialisé, peut-être même un troisième cycle. Dans un an ou deux, les entreprises ne prendront plus que des femmes de ménage diplômées. Ce sera trop tard pour des gens comme vous, sans qualification. Vous devez vous lancer maintenant sinon vous n’avez plus aucune chance. »
L’ambiance de l’agence « Pôle emploi » ne s’arrêtait pas aux pratiques. La journaliste constata que l’aménagement des lieux semblait avoir été disposé pour que rien n’invite quiconque à s’installer ou à s’attarder où que ce soit. Le vaste hall servait ainsi simultanément de point d’accueil, de salle d’attente, de cabine téléphonique et de lieu de consultation des offres d’emploi sur des ordinateurs : le tout avec, pour ce faire, des pupitres à hauteur d’homme, sans fauteuil, ni table, ni paroi, ni espace privatif. Le seul endroit où il était possible de s’asseoir sur des chaises métalliques soudées entre elles, en un rang devant un écran diffusant un film Pôle emploi qui répétait en boucle, sur le ton d’une comptine : « Vous avez des droits, mais aussi des devoirs. Vous pouvez être radiés. » 
On croit rêver ! On est loin de la stricte application de la « Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 ».

L’enquête va plus loin…

Florence Aubenas affirme qu’elle a constaté que cette situation humainement dégradée à Pôle emploi s’explique en partie par des consignes délibérées de la hiérarchie aux yeux de laquelle saisir la situation de chaque chômeur dans toute sa détresse et sa complexité, le regarder en être humain demande trop de temps. De là à les traiter en bétail à « caser » d’urgence pour optimiser le nombre de dossiers que l’on traite, il n’y a qu’un pas fusse même partiellement inconsciemment par la force de l’habitude ambiante.

Il importe de préciser qu’il fut un temps les entretiens avec les nouveaux inscrits pour dresser un véritable bilan de leur situation économique et sociale n’avaient pas de durée prédéfinie. En 2009, dans la foulée de la recherche radicale de la moindre dépense dans tout le secteur public – pendant tout le quinquennat Sarkozy sans véritable changement d’orientation pendant celui de Hollande -, il fut fixé un maximum de 20 minutes. Et la journaliste de rapporter textuellement les consignes qui « viennent d’en haut » :

« Vous n’êtes plus là pour faire du social, cette époque est finie. Il faut faire du chiffre. Apprenez à appeler « client » le demandeur d’emploi ».
De fait, alors que, auparavant, le recrutement d’agents privilégiait les profils « travailleurs sociaux » à l’époque du livre portant sur cette enquête journalistique (15/09/2011) « Pôle emploi » ciblait l’embauche de profils commerciaux. Il se pourrait que ça ait laissé des traces !

La culpabilisation des chômeurs a-t-elle changé ?

On peut affirmer que non et avancer même (à charge pour les dirigeants de faire la preuve du contraire) que ça peut aller – encore aujourd’hui – jusqu’à l’infantilisation débridée avec un lourd sous-entendu culpabilisant sur un manque présumé d’efforts dans la recherche d’emploi. Ne suffit-il pas de traverser la rue pour trouver un emploi ?

De plus, la mise en place de ce système délibérément déshumanisé s’est installée une politique fondée sur la surveillance massive des chômeurs, afin de vérifier qu’ils (elles) cherchent assez intensivement un emploi avec ce que Pôle emploi appelle le « suivi mensuel personnalisé » alors que même si les offres d’emploi non pourvues faute de candidat(e) étaient toutes satisfaites 98% des chômeurs resteraient chômeurs. (re-re-sic).

N’y a-t-il pas là un stupéfiant renversement des rôles ?

Les chômeurs sont évalués sur leur efficacité à chercher du travail alors que, de par la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce serait plutôt à elles et eux de juger la compétence des pouvoirs publics à leur donner promptement un emploi !


Malheureusement, il est d’autres leviers de pression en direction des chômeurs, il nous faudra y revenir.

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