Le « Revenu de citoyenneté » ! Une question d’équilibre !

Il semblerait que la question du montant soit la plus cruciale au sujet du « Revenu de Citoyenneté »


Du montant, en fait dépendent sa pertinence, son efficacité et même sa signification.

Trop faible c’est la version libérale du RDC. (voir Milton Friedman)
En fait c’est une subvention déguisée aux entreprises leur permettant d’embaucher à moindre coût puisqu’une partie de la rémunération est déjà assurée.Les salariés n’ayant pas d’autre choix que de se plier aux exigences de l’employeur !
SI l’on rejette cette version libérale, le « revenu de citoyenneté » doit, à lui seul, garantir un niveau de vie décent.

Mais qu’est-ce donc un niveau de vie décent ?
Le salaire minimum (SMIC) à l’origine a été conçu pour couvrir le « minimum vital » d’un manœuvre célibataire de la métallurgie en région parisienne.
Le RMI fut nous a-t-on dit un minimum vital savamment calculé par des techniciens qui vivent tous et toutes largement au-dessus.
L’ Association Pour l’Emploi, l’Information et la Solidarité (A.P.E.I.S) des chômeurs et des travailleurs précaires estime que vivre au plus juste à Paris requiert un budget mensuel de 1 334 €.
Le niveau de vie décent doit se situer entre les 440 € du RMI et les 1 334 € de l’APEIS !
En effet, il y a de la marge !
Qu’est-ce qu’un revenu suffisant ?
La réponse varie suivant les goûts et le train de vie de chacun !
Le caractère suffisant est donc éminemment subjectif.
Pour trouver un accord on peut exclure tout ce qui st luxueux !
Si certain(e)s tiennent à un mode de vie dispendieux libres à elles et eux de travailler en plus du « revenu de citoyenneté » tant qu’il faudra pour satisfaire leurs goûts !!!!
De plus, le lieu de vie et la composition du foyer ont une incidence certaine sur le revenu nécessaire pour assurer un train de vie donné.
A train de vie équivalent une famille rurale dépensera bien moins par tête qu’un célibataire parisien.
Même si on exclut du champ les loisirs onéreux ce qui suffit aux uns ne suffit pas forcément aux autres.
Néanmoins, afin de renverser les logiques, il conviendrait que le montant du « revenu de citoyenneté » soit le plus élevé possible : libre à chacun ensuite de parfaire par l’emploi. Cependant, si le « revenu de citoyenneté « élevé ne laisse personne dans la misère il implique un taux d’imposition progressif élevé tel que les revenus des plus riches sont moins élevé que dans la conjoncture sociale-libérale.

De plus il faut tenter d’apprécier l’impact du RDC sur l’activité économique.

Le risque de la désincitation au travail existe-t-il vraiment ?
C’est la principale objection de celles et ceux qui vous annoncent péremptoirement mais sans démonstration réelle :
« si on verse à chacun un revenu sans aucune condition et sans contrepartie plus personne ne va vouloir travailler »
Le versement d’un RDC suffisant va certes s’accompagner d’une hausse du temps partiel choisi ou du travail intermittent et d’une hausse proportionnelle du temps de loisirs. Le versement à tous d’un RDC fait disparaître la contrainte au travail. De plus le RDC implique une hausse de la pression fiscale sur les autres revenus, le caractère rémunérateur du travail s’en trouvant altéré.

En fait la volonté de travailler s’appuiera sur d’autres motivations telles que l’intérêt pour l’activité réalisée, la reconnaissance sociale qui en découle.

Mais il y aura fatalement baisse de la production !
Les résultats de l’expérience canadienne sont riches d’enseignement.
La baisse du temps de travail n’y excède pas 5%.
Les individus et les familles ont tendance à être insensibles au changement de système d’impôts et de transferts qui peuvent les toucher.
L’impact du RDC est faible sur le marché du travail.
Certes on ne peut extrapoler mais ce qui est assuré c’est que l’on ne peut exagérer l’impact de la mise en place du RDC sur l’activité économique globale. La fuite du marché du travail est compensée par l’accessibilité de celles et ceux qui en étaient exclus. La baisse du temps de travail peut être compensée par l’augmentation du nombre d’employés.
Partage du travail (sic) !

Aura-t-on encore besoin d’aides ménagères et de gardes d’enfants ?
Et les services à la personne ?
De plus, la rapidité de l’influence est à relativiser.

Cependant, il faudra trouver des réponses pour compenser cette éventuelle baisse de l’activité économique.

Selon les disciples de marcel Mauss, les anti-utilitaristes en sciences sociales, il est prouvé que ce que l’individu reçoit de la société (ici à travers le RDC) il le rend naturellement en participant à la société.
Chacun(e) selon ses goûts et préférences, concourt à la construction de la société.
Cependant on peut craindre que chacun(e) se détourne des tâches ingrates, pénibles.
Dans ce cas faut-il instaurer un « service civique » ?
Mais se pose le problème d’organiser ce travail à chaque échelon territorial comme celui de la formation à la réalisation de ces tâches ingrates.
Organisation, obligation, contrôle nous voilà reparti dans un registre auquel de RDC tournait le dos. On revient même dans ce cas sur le caractère inconditionnel !

Pour éviter ce genre de travers il faut certainement s’appuyer sur les mécanismes du marché suivant la vieille loi de l’offre et de la demande.
La désertion de marché du travail, notamment pour ces tâches, s’accompagnera d’une incitation puisqu’on n’est plus contraint de travailler pour subvenir à ses besoins. Afin d’encourager un sacrifice de temps libre, conformément à la loi de l’offre et de la demande, les employeurs auront à relever fortement le niveau de rémunération de ces travaux ingrats et/ou pénibles.

Il ne suffit pas de garantir le revenu, il faut aussi produire les biens et les services auxquels ce revenu entend permettre d’accéder.
Si on verse un RDC très bas pour maintenir l’incitation au travail (version libérale) il ne délivre aucunement des contraintes du travail et ouvre la voie à des aménagements scabreux du droit social.

Il faut donc que le RDC ne soit ni trop élevé, ni trop bas.

Il doit être suffisant  de telle sorte qu’il ne soit pas nécessaire de travailler pour vivre mais que l’on soit à même d’envisager de travailler même peu pour

augmenter son train de vie.
Il est donc question d’abolir la contrainte au travail tout en maintenant l’incitation financière à travailler. Il faut trouver le juste équilibre. Les 1000 euros par citoyen majeur et les 600 € par mineur(e) semblent convenables.

Y a-t-il en perspective un « effet balancier » ?

Si le RDC est jugé suffisant par ses bénéficiaires pour répondre à leurs besoins sans travailler il est probable que certain(e)s abandonnent leur emploi pour s’adonner à leur loisir préféré. D’autant plus s’ils (elles) jugent leur emploi pénible.
Si les principales motivations au travail sont financières : ce sera le cas le plus souvent.
Si ce comportement se généralisait, la baisse de l’activité économique serait inévitable entraînant aussi une baisse du RDC . Sans activité économique aucun RDC n’est possible. Si on compense par une hausse des impôts il y a encore plus de désincitation au travail.
Le RDC est donc tiré vers le bas par ceux même qui en bénéficient.
Souvenons-nous de l’exemple de Crazy et Lazy !
Crazy a besoin de 1 500€ par mois pour vivre comme il le souhaite.
Lazy lui de 500€.
Si un RDC de 1 000€ leur est attribué sans condition ni contre partie.
Crazy continuer à travailler suffisamment pour atteindre le niveau de vie auquel il aspire.
Lazy, lui, n’aura besoin de travailler que si le RDC descendait en dessous de 500€.Les citoyens ayant les aspirations les plus faibles risquent de tirer le dispositif vers le bas aux dépends des plus dépensiers.
Plus le RDC est élevé plus ceux qui le jugent suffisant plutôt que de travailler et ceux qui diminuent leur temps de travail concourent à la baisse de l’activité économique donc à la baisse du RDC.
Plus le RDC est élevé plus il est amené à baisser.
Mais à mesure que le RDC baisse, la baisse de l’activité économique est enrayée et on peut ainsi à nouveau répondre aux besoins.
Il y a donc effet de balancier.

Soyons rassurés, le RDC ne peut en aucun cas être suffisant pour tous, mais il doit être suffisamment élevé pour sortir de la misère celles et ceux qui la connaissent.

Commentaires

1. Le 27/07/2008, 08h22 par Charlotte

Merci pour le côté très didactique de ta (votre) présentation.

Reste que cela me donne l'impression d'être au cœur d'un véritable projet de société.

Non?
2. Le 13/08/2008, 10h44 par Martin

Je pense sincèrement qu'il ne faudrait pas tomber dans le même travers qu'avec le RMI.

Sortir les gens de la misère mais les amener à pouvoir consommer raisonnablement même avec le seul RDC !

1000 euro par adulte et 600 par enfant me semble le minimum.

Imposer à 50% les hauts revenus (à la personne et non à la famille) me semble juste et supportable . Ces petits chéris qui gagnent 10 000 euros par mois se trouveraient avec 5 000 pas de quoi devenir "économiquement faible" !

Sans parler des stocks options à imposer à 80% !

Vive la SOCIALE !

3. Le 13/08/2008, 18h09 par Antoine

Une REVOLUTION !!!

Comme quoi, même la REVOLUTION peut être pacifique ! (sic)

4. Le 14/08/2008, 18h49 par Martin

Une famille de 3 enfants :

1000 euros x 2

600 euros x3

Au total 3 800 euros . Pas besoins d'allocs en tout genre.

S'il est besoin de plus, le temps partiel suffit !

Aujourd'hui ? Au chômage avec ou sans allocation avec les allocations familiales, une fois logés que rest-t-il pour se nourrir ?

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