Quid de la sévérité avec nos enfants ?

Faut-il être plus sévère ? Le problème ne doit-il pas se poser autrement ?

Les psychologues contemporains ont tendance à enjoindre les éducateurs à "savoir dire non" aux enfants.
Pourquoi pas !
Mais pourquoi donc ignorent-ils les apports de "la pédagogie" ?
En effet, depuis longtemps, pour les pédagogues, le vrai principe pédagogique est le "Non, pas tout de suite ! Prends le temps d'y penser. Prenons le temps d'en parler et tu décideras après."
Cela peut s'illustrer aussi par la mise en place "du Conseil" dans la classe coopérative et la pédagogie institutionnelle.
Difficile de résumer les ouvrages de Fernand OURY sur cette question et en particulier, avec Aïda VASQUEZ " De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle chez Maspero en 1971 (sic).
Le mot d'ordre clé est "Tu en parleras au Conseil" !
René Lafitte et son groupe (Vers la pédagogie institutionnelle ) décrit le dispositif notamment dans "Mémento de Pédagogie Institutionnelle - Faire la classe en milieu éducatif chez Matrice en 1999.
"Limité dans l'espace et dans le temps, protégé par des lois, le Conseil est un lieu de parole où le plus petit peut affornter le plus costaud parce que seule la parole est autorisée. C'est un lieu où il faut s'efforcer de mettre en mots un conflit, une révolte, une souffrance, une difficulté qu'on a appris à différer"
Pour fonctionner et jouer pleinement son rôle le Conseil doit respecter "des lois" fondatrices, sans lesquelles aucun échange ne peut émerger du chaos :
"-J'écoute qui parle. - Je demande la parole. - Je en me moque pas."
L'organisation doit y être rigoureuse, avec un président et un secrétaire de séance, un Cahier du Conseil où sont consignées les décisions prises.
On utilise des Maîtres-Mots qui rendent possible une communication apaisée :
"Le Conseil commence silence... Tu penses que quelque chose ne marche pas, tu dois expliquer pourquoi !" par exemple et entre autres. Il s'agit d'une ponctuation modératrice et apaisante libératrice de la parole, gérant les pulsions sans les rejeter, les réprimer, les étouffer...
Le Conseil est ainsi la clé de voûte des institutions de la classe car il est présent en creux à chaque instant dans la vie des élèves.
Espace-Temps possible d'expression qui impose le sursis à l'expression, il installe la réflexion au cœur de toute activité de l'élève.
J'allais oublier .
On peut noter sur un cahier ou sur une feuille de papier qu'on déposera dans une boîte aux lettres ce que l'on veut dire ou voir aborder au Conseil : on prend le temps de l'écrire, on y réfléchit on peut même en parler avant avec ses ami(e)s. Il s'agit en fait d'une expression solennisée qui conduit le plus souvent à ne pas dire n'importe quoi en donnant à sa parole la consistance de la pensée.
La pratique du sursis doit-elle n'être réservée qu'aux questions qui relèvent de la gestion de la classe, de la vie de l'école?
Il est à penser que non !
Ne s'agit-il pas là du pivot de toute activité éducative? Eduquer, n'est-ce pas placer un être en situation d'améliorer ses connaissances et ses compétences et de dépasser ce qu'il sait faire et ce qu'il connait déjà ?

Commentaires

1. Le 04/06/2014, 07h46 par Martin

Les sanctions évaluatives (mauvaise note à un travail bâclé) peuvent être éducative si elles conduisent à accompagner l'élève pour qu'il s'améliore, se remette à la tâche et fournisse l'effort nécessaire pour progresser. Un meilleur résultat implique une certaine fierté et une valorisation de soi : estime de soi, meilleure confiance en soi.

Bien souvent la notation au cours de l'année devient une sempiternelle émission de messages négatifs avec une moyenne annuelle déplorable pour solde de tout compte. Absurdité docimologique dénoncée depuis des décennies notamment en 1978 dans l'ouvrage intitulé "Psychologie de l'évaluation scolaire " au PUF par Jean-Paul Caveni et Gérard Noizet.

Combien de siècle faudra-t-il pour abandonner ces pratiques dévastatrices.

Le pédagogue est-il "un loup pour l'homme" ?
2. Le 04/06/2014, 07h58 par Caroline

En fait l'école tourne le dos à l'essentiel de sa mission.

A l'école !

Ne devrait-on pas apprendre à :

- à résister au découragement martelé des "je n'aime pas" des "je n'y comprends rien" et à relire plusieurs fois un texte. Ase poser la question du pourquoi cet état de fait et être accompagné dans la sortie de cet univers négatif par la succession de mini progrès , de mini réussites.

- à ne pas rendre un devoir, à ne pas publier un article dans le journal de la classe, à ne pas envoyer une lettre sans les avoir considérés du point de vue de leur destinataire : que vont-ils comprendre?

- à remettre systématiquement en chantier un travail que l'on juge insatisfaisant tout en sollicitant des avis, des critiques et des aides.

- à prendre systématiquement un temps de silence après un exposé pour réfléchir et consigner ses remarques et questions.

Mais vous n'y pensez pas ! C'est vers une transformation radicale de la fonction enseignante qu'il faut aller.

Si bien sûr j'y pense et ça fait plus de 40 ans.

Manque de chance, le (la) Ministre capable d'entreprendre cette évolution fondamentale n'est peut-être pas encore né(e) !!

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