Education Nationale ! A quoi peut-on s'attendre ? Suppositions certes, mais la vigilance s'impose...
Par JPL le 23/06/2017, 15h35 - Education - Lien permanent
Notre Ministre de l'Education Nationale fut " Directeur général de l'Enseignement Scolaire " de décembre 2009 à à novembre 2012 alors que Luc Chatel était Ministre de l'Education Nationale dans le gouvernement Fillon.
Il fut Recteur de l'Académie de Guyane (2004-2006) et de celle de Créteil de mars 2007 à décembre 2009.
N'oublions pas un passage au ministère de Gilles de Robien dans les fonctions de Directeur de cabinet adjoint d'octobre 2006 à Mars 2007.
En quelque sorte un habitué de la maison.
Ses écrits récents " L'Ecole de la vie " sept 2014 (Odile Jacob), "L'Ecole de demain" mai 2017 (Odile Jacob) comme son initiative visant à remettre à l'ordre des préoccupations du moment "le redoublement" permettent d'augurer quelque peu....
Lançon nous donc ...
L'Education est-elle la priorité pour ce nouveau gouvernement ?
Il n'est pas interdit de constater que le ministère de l'Education nationale rétrograde du 2ème au 11ème rang. De plus, il n'y a plus de ministère de la jeunesse et comme pour l'éducation populaire il faudra trouver ces deux préoccupations, certainement cachées, dans un ministère autre qu'autonome.
Toujours est-il que le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer - loin d'être un inconnu dans la maison- semble privilégier des chemins préférés : essayons donc de les recenser, dans l'état actuel de nos informations, à la consultation de ses écrits et de leur interprétation toute relative bien évidemment. L'avenir aussi nous éclairera ...
Le retour aux fondamentaux, concentrés sur le "lire, écrire, calculer".
Les mathématiques et le français pourraient représenter 20h sur les 24h actuelles d'enseignement. Dans les CP dédoublés en REP+, les enfants ne pratiqueront que ces fondamentaux ...et même en maternelle où l'étude du vocabulaire pourra l'emporter sur les temps de création, d'expression, surtout dans les milieux dits populaires. On peut dès maintenant deviner qu'au nombre des mentors on trouvera Alain Bentolila, Stanislas Dehaène et l'Institut Montaigne avec Cécile Alvarez.
Et sur la compréhension du monde? RIEN !
Et sur la question de la complexité et celle de l'articulation des savoirs historiques, géographiques, écologiques, économiques, juridiques, démocratiques...RIEN DE RIEN !!
En fait, ce qui est préféré ce sont les règles, les petits résumés appris par cœur, les longues séries d'exercices....
La réalité est donc que, de ce point de vue, il est question de réussir une évaluation, voire un examen mais certainement pas pour prendre place dans la société, sortir de l'entre-soi et voir ce qui nous entoure comme des objets et des sujets de connaissance (sic).
Deuxième chemin : celui qui évite les pédagogues :
Les "pédagogistes" comme les nomme le ministre (de façon quelque peu méprisante) sont "trop enclins à voir dans l'enfant un petit roi qui construit son savoir" et de plus, ils sont responsables des "innovations" comme la méthode globale (qui n'a fait de dégâts que lorsqu'elle était mal appliquée -sic-) et des mathématiques modernes, selon lui tout cela n'étant que " des errements " qui ont eu des effets négatifs "profonds et durables" sur les résultats de l'école !
Tiens donc ! On a trouvé les coupables !! Ca n'est pas de notre faute !!! Ne nous en voulez pas si on arrive pas à porter remède !!!
Troisième chemin : celui de l'autorité .
Celle des enseignants sur les élèves et les parents :
La co-éducation, la participation démocratique de tous les acteurs éducatifs ne sont plus à l'ordre du jour des préoccupations du nouveau ministre.
Quant à la Convention internationale des droits de l'enfants ? Il sera plutôt question de leurs devoirs envers les adultes !
N'oublions pas l'autorité du chef d'établissement et du directeur de l'école sur les enseignants qui se trouve renforcée par le développement de l'autonomie des établissements ainsi que par la mise en avant du pilotage par l'évaluation !
Quatrième chemin : celui des parcours séparés !
Personne ne doit avoir du "retard" en mathématiques et en français en entrant en sixième !
Une évaluation puis une remise à niveau sont en perspective.
Une année supplémentaire en primaire ? Une année de remise à niveau au collège ??
Pendant que certain(e)s étudieront l'allemand, les langues anciennes, d'autres auront-ils des heures de soutien, de récupération ?
Si le collège reste un espace commun, comme chacun a des compétences différentes, le ministre souhaite séparer les enfants pour rentabiliser le temps d'étude.
On a l'impression d'entendre :" Chacun à sa place . Soyons réalistes, les études longues ça n'est pas fait pout tout le monde ...la preuve... : les intelligences multiples de l'enfant " !!
Cinquième chemin : celui de la compétition :
La sacro sainte réussite individuelle avec son lot de concurrence pour avoir la meilleure place va retrouver le devant de la scène pédagogique.
Plus l'enfant réussit ce que le système scolaire lui propose, plus on le nourrit, et ainsi s'ouvriront pour lui les meilleurs filières, les meilleurs lycées .
L'excellence pour celles et ceux qui le méritent ou qui en héritent !
Tant pis pour les autres !!
Commentaires
Bravo Grand JP, c'est une belle analyse que celle que tu fais ici. J'en apprends davantage sur notre ministre de l'Educ.Nat.
A son époque, Montaigne préférait "une tête bien faite qu'une tête bien pleine" et de cette conception toujours actuelle, le ministre semble s'en éloigner. Etre capable de jugements personnels et faire preuve d'ouverture d'esprit ne sont pas à l'ordre du jour.
Les 5 chemins que tu décris n'ouvrent pas la voie vers une école plus égalitaire, plus juste. Le risque est aussi celui d'une certaine prise en charge par les communes selon la fameuse formule de "compétence scolaire" ( c'est l'enjeu de ce débat sur les rythmes scolaires ) Pour ce qui est de ta conclusion, je la partage pleinement.
Oui Tiluc comme on disait il fut un temps (pas si reculé que ça : Mai 68 !) : ce n'est qu'un début continuons le combat.
Quant à la prise en charge communale ! N'est-ce pas la porte ouverte (à terme ) - par la mise en œuvre de ce genre de pratiques au nom de la démocratie "En Marche" (sic) - à une libéralisation puis à une privatisation rampante de notre "service public d'éducation" mis en place de haute lutte fin du 19ème. Souvenons-nous des lois scolaires... 1882 qui, notamment, ont sorti des enfants des champs et des usines (scolarité obligatoire jusqu'à 12 ans puis 14 ans 1936 je crois puis 16 ans dans les années 70 ).
Sans notre mobilisation, il est effectivement à craindre que, de façon larvée, ils ouvrent le secteur éducatif au commerce, à la recherche du profit...C'est déjà un peu (beaucoup) déjà le cas....
Nous avions raison de militer - avec Alain Savary ministre de 1981 à 1984 - pour la constitution d'un service public unique de l'Education. C'était sur le point d'aboutir quand Mitterrand fit volte-face de peur d'une manif des tenants de "l'école privée" sur les Champs Elysée. Ayant obtenu l'accord des hauts responsables de l'Enseignement catholique Alain Savary ainsi désavoué démissionna le 13 juillet je crois me souvenir.
En ce qui me concerne ce fut une grande déception. Je dois à l'honnêteté de souligner que sur 38 ans de carrière la période de 3 années du mandat d'Alain Savary fut la seule pendant laquelle j'ai exercé en parfait accord avec mon ministre. 3/38 soit 7,89% !!!!